Le ciel nocturne est un spectacle fantastique. Avant, on se contentait de l’admirer, maintenant on peut s’en acheter un morceau. Mais dans quel but ?
Vous voulez vous offrir ou offrir une étoile ? C’est possible en quelques clics. En effet, de nombreux sites internet proposent ce service étonnant en échange de quelques dizaines d’euros. En réalité, cela consiste, pour les clients, à nommer un coin de ciel à leur guise. L’opération étant certifiée par la délivrance d’un titre de propriété comportant le nom de l’étoile ainsi que ses coordonnées astronomiques. Si l’activité n’est pas illégale, de tels documents n’ont aucune valeur juridique ou scientifique, comme le rappellent les scientifiques.
Dans une interview accordée à Franceinfo en janvier dernier, Fabienne Casoli, présidente de l’Observatoire de Paris, déclarait : “Il n’y a pas de propriété sur les étoiles, pas plus que sur la lune ou les autres corps célestes. Je trouve ça un peu dommage que les gens paient 100 € pour donner leur nom à une étoile. C’est un peu de l’argent perdu mais si ça leur fait plaisir, si ça les rend heureux…“. Sur un plan commercial, la pratique est contestable, voire douteuse. Pour autant, cela ne constitue pas une arnaque, au sens crapuleux du terme.
Une tradition qui remonte à l’Antiquité
Donner un nom aux points qui brillent dans le ciel est une pratique vieille comme l’Humanité. Le “baptême” des étoiles remonte en effet à l’Antiquité. Les Grecs, mais aussi les Perses ou les Romains, pour ne citer qu’eux, ont “personnifié” les astres visibles, les associant le plus souvent à des divinités, des mythes ou des légendes.
À l’ère moderne, la lourde tâche de nommer les étoiles incombe à l’Union astronomique internationale, dont le siège est situé à Paris, dans le XIVᵉ arrondissement. Cette ONG composée de pontes de l’astronomie mondiale a pour mission de fixer la nomenclature (dénomination) des corps célestes. La tâche est immense. Lors du dernier recensement, en 2018, seules 336 étoiles étaient “officiellement reconnues” par l’organisation internationale, sur les 6 000 observables à l’œil nu.
Voyager dans le temps à peu de frais
S’il est donc techniquement possible d’ “acheter” une étoile, la portée d’un tel geste est purement symbolique. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : s’offrir une jolie abstraction. Un objet réel et pourtant dépourvu de matérialité par la distance qui nous sépare de lui.
S’offrir une étoile tient donc plus de la lubie de rêveurs invétérés que de la crédulité ou de la bêtise. Les “propriétaires d’étoiles” semblent essentiellement motivés par le romantisme et par la perspective de croire que le point scintillant qu’ils fixent en regardant le ciel étoilé leur appartient pour quelques euros. Après tout, ne passe-t-on pas notre temps à acheter des choses autrement plus futiles qu’une belle idée ?