Pour la thérapeute Sylvane Samain, trouver la signification de ses propres rêves n’est pas simple sans formation.
Nous avons déjà tous vécu cette situation : se réveiller le matin avec l’envie de comprendre la signification du rêve qui nous hante encore. Tentant, mais inutile, le rêveur est le plus mal placé pour interpréter ce qui lui est passé par la tête pendant son sommeil. Pour aider à mieux comprendre nos songes, Sylvane Samain, psychanalyste symbolique, propose des séances d’analyse et s’inspire des travaux du fondateur de la psychologie analytique : Carl Gustav Jung. Contrairement à Freud, qui concentrait ses analyses sur la sexualité, la libido et les pensées refoulées, Jung s’est particulièrement intéressé à la dimension sacrée que révèle la psyché humaine.
Peut-on interpréter ses rêves seul ?
C’est difficile, surtout quand on n’a pas une formation qui nous permet de nous mettre à distance par rapport à eux. On va l’aborder avec notre conscient, ce que l’on connait. Alors que l’inconscient est par définition caché, inconnu. On tourne en rond sans comprendre que le rêve nous parle autrement, avec un autre langage. Les dictionnaires des rêves sont à proscrire entièrement. Si on veut s’appuyer sur de la bonne lecture, il est préférable de se tourner vers un dictionnaire des symboles. Mais il faut garder en tête que ces symboles dépendent avant tout de facteurs très personnels mis en lumière par les associations et les évocations du rêveur.
Doit-on tirer des conclusions du fait de rêver peu ou beaucoup ?
Comme le disait Freud, le rêve représente « la voie royale vers l’inconscient ». Rêver beaucoup peut signifier que l’on a une porte d’accès ouverte vers un inconscient très riche. Mais d’autres comme les artistes peuvent le contacter par leurs créations. Celui qui rêve peu lui, est moins enclin à s’interroger sur sa propre vie intérieure : parfois, il refoule et résiste, ou va trouver les réponses ailleurs.
Certains rêves doivent-ils nous alerter sur notre santé mentale ?
L’analyse des rêves permet d’éclairer les zones d’ombre, les peurs, les conditionnements, les mauvaises habitudes, les incertitudes. Ils nous parlent de nos peurs et sont là pour nous éclairer et nous mettre sur la voie d’un possible dépassement.
Le rêve ne va pas nous dire “vous êtes en dépression” mais plutôt, “attention vous êtes en train de traverser une zone plus sombre mais nécessaire”. Dans l’approche jungienne, il y a un processus de réalisation de soi avec un passage dans ce que l’on appelle les ombres. Éclairer cette part et y mettre du sens permet de mettre la pression à distance, de se sentir accompagné et soutenu dans cette traversée. Le fait d’interroger ou contempler un rêve nous montre aussi une issue, une voie de sortie. Quelque chose qui nous indique que ça avance.
Quel est le rôle du thérapeute dans l’analyse des rêves ?
Ce n’est pas l’analyste qui vous dit “vous avez la force” mais bien le rêve. L’approche thérapeutique a pour but d’aider ceux qui rêvent à comprendre que les ressources existent déjà à l’intérieur d’eux. Quand le rêveur se met en scène dans des situations difficiles mais trouve des solutions, il prend conscience qu’il a en lui-même des ressources. Au fil des séances, je vois comment les rêves de mes patients évoluent, passent de cauchemars vers des rêves plus éclairants, lumineux, dynamiques.
Vous organisez des séances d’analyse collective : comment se passent-elles et quel en est l’intérêt ?
Le rêveur propose un rêve et je l’interroge dans les grandes lignes. Puis, on prend un temps pour en discuter avec le groupe. Dans les échanges, chaque rêve vient nous parler à nous-même et nous interpelle à un endroit. C’est intéressant de voir que les symboles ont un sens pour chacun.