Juan Loaiza est le fondateur des Éditions Grandpamini. Au départ parti d’une blague entre amis, l’engouement a été tel qu’aujourd’hui, il publie une nouvelle Une chaque mercredi, dont certaines sont à retrouver à l’exposition « Pastiches de presse », jusqu’au 29 octobre à la BnF.
Juan Loaiza publie chaque mercredi un pastiche de Une sous les Éditions Grandpamini
© Grandpamini
DJ, blagueur, chanteur… Juan Loaiza a plus d’une blague dans son sac quand il s’agit de faire rire. Avant de se lancer dans l’art du pastiche, il travaille aux côtés de Gaël Mectoob et Baptiste Lorber, avec qui il crée la chaîne “10 minutes à perdre” en 2010. Après une collaboration avec Canal + sur la série “La Question de la Fin” en 2012 et un voyage aux Etats-Unis, il revient finalement en France pour continuer à développer son activité musicale. En 2020, alors que le monde entier est confiné, il commence à créer des pastiches pour passer le temps. D’un hasard est né un rituel, qu’il ne semble plus vouloir manquer.
Préoccu-passion, octobre 2023 © Grandpamini
- Quelle est l’histoire des pastiches des Editions Grandpamini ?
Pendant le confinement, comme je m’ennuyais, j’ai décidé de créer plusieurs formats que je publiais ensuite sur mon compte Instagram. Je faisais ça sans prétention, pour faire rire mes amis. J’ai d’abord fait des blagues, puis j’ai imaginé des dessins animés dans lesquels je racontais mes rêves. Et puis un jour, j’ai créé Escalator magazine. Je trouvais que le cadre du magazine était une bonne matière à exploiter pour faire des blagues. Par la suite, j’ai imaginé plusieurs autres Une, jusqu’à la sortie de Rasta Blanc, en avril 2022 qui a vraiment été un tournant.
Rasta Blanc, avril 2022 © Grandpamini
Je travaille aujourd’hui avec deux amis qui constituent ma rédaction « secrète ». Tous les lundis, je leur envoie le thème choisi pour la prochaine Une et on réfléchit ensemble pour trouver les meilleures combinaisons.
2) Comment choisir le bon sujet ?
Il y a plein de façons de choisir ! Au début, j’avais une liste de thèmes sur mon portable où je mettais tout et n’importe quoi. Dans certains cas, je peux partir de l’actualité ou bien simplement d’une blague, d’une image et construire le magazine autour. C’est en écrivant que je me suis rendu compte que l’on peut faire des blagues sur tout, il faut juste réussir à l’écrire de la bonne manière. Dans un sens, il faut un peu être le Léonard de Vinci de la blague. Par exemple, il y en a une que je n’arrive pas à mener jusqu’au bout, c’est Le prof d’onglet, un magazine sur la boucherie. Je n’ai pas trouvé assez de blagues sur le thème de la viande pour le moment, mais j’y travaille !
Agresseurs, juin 2022 © Grandpamini
3) Comment être sûr qu’un pastiche va fonctionner ?
Généralement, j’expose mes blagues à mes amis avant publication, surtout lorsqu’on évoque certains thèmes délicats comme le patriarcat, l’endométriose ou les agressions sexuelles. Ce n’est pas évident de faire une blague sur quelque chose que l’on ne vit pas, il est donc important de les soumettre à des personnes concernées pour vérifier que le message soit adapté. C’est le cas la plupart du temps, mais il arrive que certains numéros soient mal perçus. Ça a été le cas avec Auto-diagnostic, qui parlait des gens qui s’auto-proclament malades dans le but qu’on s’intéresse à eux. Certaines personnes se sont senties offensées, j’ai donc fini par supprimer la Une à contre-cœur. La semaine suivante, j’ai donc publié Premier Degré magazine.
Maïa Pois