Le CentQuatre à Paris, un lieu qui vibre au rythme du breakdance

REPORTAGE – L’établissement culturel parisien du 19e arrondissement accueille du 18 au 20 octobre la compétition de breakdance, Red Bull BC One World. A la veille de l’événement, cette danse née aux Etats-Unis est plus que jamais à l’honneur dans les allées du 104.

Les préparatifs de la compétition internationale de breakdance organisée par Red Bull au CentQuatre, dans le 19e arrondissement de Paris. Crédit : Clémence Nava

Sous l’imposante verrière de ce qui fut l’ancien service municipal des pompes
funèbres, l’ambiance est à la danse. Des techniciens s’affairent pour assurer le
montage de la scène, la disposition des chaises et les ultimes essais de sons. De
larges bannières annoncent la compétition de breakdance organisée chaque année
depuis 2004 par Red Bull. Ici, au « 104 » rue d’Aubervilliers, b-boys et b-girls
(danseurs de breakdance) pratiquent et expriment leur art toute l’année.

Un haut-lieu du breakdance

Guy, alias Popin Smiley, la cinquantaine et la silhouette élancée, est un habitué des
lieux. Il y enseigne depuis plus de dix ans le popping, une branche du breakdance popularisée par Michael Jackson, qui consiste dans la contraction et décontraction
des muscles au rythme de la musique.
Depuis son ouverture en 2008, le « 104 » s’est imposé comme un petit sanctuaire du
breakdance.

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« Dans les années 1990 et 2000, avant qu’il y ait tous ces restaurants, on s’entraînait
à Chatelet-Les Halles. Le 104 a été un des premiers lieux à Paris à accueillir les
breakdancers »
, se remémore-t-il tout en gardant un œil sur ses deux élèves du jour.
Propice à l’épanouissement du breakdance, l’endroit accueille une multitude
d’artistes d’horizons variés. Non loin du cours de Popin Smiley, deux jeunes
comédiens du Cours Florent voisin répètent à voix haute leur texte. « Il y a ici une
énergie qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Je viens tous les jours. Les agents de
sécurité s’inquiètent presque si je m’absente une journée »
, s’amuse l’enseignant de
popping. « On danse par terre ici maintenant. De mieux en mieux… » lance,
sceptique, un homme d’une soixantaine d’années devant un b-boy tournant sur sa
tête comme une toupie.

Au CentQuatre, il y a une énergie qu’on ne retrouve nulle part ailleurs

“Popin Smiley”, professeur de hip-hop

Entre deux mouvements saccadés, Elodie, élève de « Smiley » âgée d’une trentaine
d’années, abonde dans le sens de son professeur. Elle partage sa vie entre de petits
boulots saisonniers et les cours de breakdance depuis plus d’un an. « C’est un lieu
toujours en mouvement, inspirant. Il faudrait plus d’endroits comme celui-ci ».
Par intermittence, la jeune femme est interrompue par les poignées de mains
d’autres breakdancers. « On ne se connait même pas », confie-t-elle. « Mais ici c’est
comme ça, tout le monde se dit bonjour. C’est cette ambiance que j’aime. On se
rencontre même parfois simplement par le regard »
.

Entre art et sport


Sebastian, breakdancer professionnel autrichien de quarante ans, fréquente
quotidiennement les lieux depuis son arrivée en France il y a trois ans. S’il a porté les
couleurs de l’Autriche jusqu’en finale de la compétition Red Bull en 2017, il s’apprête
d’ici quelques jours à y assister comme simple spectateur, au stade Roland-Garros.
Pour Ilan, la compétition de l’entreprise de boissons énergisantes est un « rêve »
qu’il espère réaliser dans les années à venir.

Popin Smiley (au centre) et deux de ses élèves, Sebastian (à gauche) et Elodie (à droite). Crédit : Clémence Nava

« J’ai un boulot, trois jours par semaine. Tout le reste de mon temps, je le consacre à
l’entraînement »
. Il n’y a pas une minute à perdre si l’on en croit le jeune homme de
tout juste vingt ans. Les nouveaux poids lourds de la discipline n’ont parfois que « 17
ou 18 ans ».

Né dans les rues du Bronx dans les années 1970, le breakdance est avant tout un
« art », insiste Ilan, mais qui requiert « des qualités sportives très développées ».
Preuve en est, son apparition au programme des Jeux Olympiques de 2024. « Les
JO vont donner de la visibilité »
, se réjouit Nicolas, b-boy amateur de trente-neuf ans.
Toutefois, « la notation n’est pas claire et j’ai peur que les JO ne respectent pas
vraiment les racines du breakdance »
pointe-t-il.
D’ici là, b-boys et b-girls n’ont pas fini d’enflammer le sol du « Centquatre ».

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