Orthosomnie : à trop vouloir dormir, on finit par en perdre le sommeil 

Comment passer une bonne nuit de sommeil ? Quelle routine mettre en place pour obtenir un sommeil réparateur ? À force de se poser ces questions, un nouveau trouble affecte certaines personnes : l’orthosomnie. Et moi-même, je n’en suis pas très loin…

© Kinga Howard / Unsplash

84 % : c’est la qualité de mon sommeil ce matin au réveil, d’après l’application Sleep Cycle. 6h de sommeil, 7h28 au lit, coucher à 00:14 et réveil à 7h28, endormie après 58 minutes, des chiffres dans la moyenne de mes nuits pour un soir de semaine… Tout ça pour seulement 1 minute de ronflements. Chaque matin, Sleep Cycle sonne pendant 30 minutes de façon progressive, de plus en plus fort et de plus en plus souvent selon les paramètres que j’ai définis, et qui rendent folles les personnes dormant avec moi. Quand j’en ai enfin marre d’appuyer sur “snooze” et que je me réveille, l’application me demande mon humeur : “ok”, “bonne” ou “mauvaise” selon le smiley que je sélectionne et qui répond aux codes couleur des feux tricolores. 

Une perfection jusque dans le sommeil 

Déjà petite, le sommeil et moi, on n’était pas vraiment amis. Je n’ai jamais fait la sieste à l’école — un fait que je regrette énormément aujourd’hui —, et même si je tombe de fatigue, il y a toujours une chose à voir, à lire, une personne à qui parler, qui fait que mes nuits sont toujours plus courtes. 

Comme nombre d’applications sur le marché, Sleep Cycle me permet d’analyser mon sommeil et impose une nouvelle technologie qui scrute mes moindres faits et gestes : ronflements, toux, ou encore le fait de parler dans mon sommeil. De nombreuses personnes utilisent ces applications, disponibles par centaines sur l’Apple Store, parfois associées à une montre connectée ou une application de méditation afin d’atteindre le score tant convoité de 100 % et d’améliorer ses performances journalières… menant parfois à l’insomnie.

Depuis plusieurs années, j’ai donc pris le réflexe d’activer Sleep Cycle en même temps que j’allume mon réveil. L’application me demande de sélectionner quelques cases afin d’analyser ce qui pourrait perturber ou non mon sommeil : café, cigarette, journée stressante, alcool, règles, maladie, bonne journée… La liste est longue et personnalisable. Mais si j’ai adopté ce réflexe, il est facile de devenir addicte à ces applications et d’en faire une obsession : celle-ci m’indique dans quelle ville j’ai le mieux dormi, quelle est la note moyenne en France et dans d’autres pays du monde, quels sont les facteurs qui influent sur la qualité de mon sommeil… Pour certaines personnes, ces applications peuvent alors entraîner un trouble obsessionnel compulsif, au même titre que les troubles alimentaires, appelé orthosomnie.

Qu’est-ce que l’orthosomnie ? 

Le mot orthosomnie est un terme inventé par une équipe de chercheurs américains en 2017 à l’issue d’une étude de l’Université de Chicago. Son étymologie s’inspire d’”orthorexie”, le trouble dont sont atteintes les personnes qui finissent par adopter un comportement névrotique caractérisé par l’obsession d’une alimentation saine. 

Pendant nocturne de ce trouble obsessionnel compulsif, l’orthosomnie se définit par “la quête d’un sommeil parfait, sans insomnie, sans cauchemars, avec des cycles réguliers et assurant sa fonction de réparation et de régénération de l’organisme”, explique Passeport Santé. En France, une personne sur deux ne dort pas assez. 30 % des Français souffrent de troubles du sommeil, selon le média. Un mal-être qui agite nos nuits et nous empêche de profiter de nos journées : à trop vouloir dormir, on finit par en perdre le sommeil. 

Pour lutter contre ces insomnies et autres troubles du sommeil, tous les moyens sont-ils bons ? En plus des applications, les appareils connectés comme les bracelets Fitbit ou encore l’Apple Watch permettent de suivre son cycle de sommeil, ce qui crée alors insomnies et fatigues diurnes, selon les chercheurs. Si le terme a émergé en 2017, ce trouble n’est pourtant pas encore reconnu comme tel. Quelques sophrologues s’intéressent pour l’heure au sujet, mais aucune solution ne semble être disponible pour lutter contre celui-ci… mis à part s’éloigner des écrans, et fermer les yeux. Promis, je vais essayer.

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