Par Martin Regley
Publié le 18/10/2023 à 14h30.

Avec 16 millions de touristes attendus pour les Jeux olympiques, la capitale se prépare à vivre au rythme des épreuves. Tout comme les usagers du métro parisiens, qui craignent des déplacements encore plus compliqués qu’à l’accoutumé.
Loin derrière le tumulte de l’heure de pointe. Il est 11h24 ce mardi 17 octobre à Paris, mais le panneau d’affichage situé en amont du quai affiche un message qui ne présage rien de bon. “Le trafic est perturbé sur l’ensemble de la ligne 8 en raison de difficultés d’exploitation”. Peu à peu, les minutes d’attente s’allongent. De 2 à 6. “C’est tous les jours comme ça, on n’en peut plus”, crie un homme emmitouflé dans une écharpe, cheveux gominés et mocassins qui frappent les marches de la station Faidherbe-Chaligny. 360 secondes plus tard, le métro passe, lui n’y monte pas. Faute de place. Dans la capitale, c’est le quotidien des 4 millions d’usagers des 16 lignes qui composent le réseau du métro. Retards, malaises voyageurs, problèmes d’exploitation ou fréquences de passage revues à la baisse.
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Depuis plusieurs années, tous constatent une dégradation des services, et à 283 jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, la crainte d’une amplification des soucis se fait ressentir. Usagers, comme agents de la RATP.
“Je vais faire du télétravail”
Sur le même quai. 11h30. Maeva, carré Hermès en soie sur les cheveux, attend le métro. “Ça fait dix minutes que je suis là, et toujours rien. Je vais être en retard en cours”, souffle cette étudiante de 19 ans, en 2e année de luxury management. Les galères comme celles-ci, Maéva y est habituée depuis peu. Cela fait un an qu’elle vit à Paris. “Dire que c’est le cas tous les jours serait mentir. En revanche, ça m’arrive au moins trois fois par semaine”, ajoute la Rochelaise d’origine. Alors qu’elle sera en stage entre le mois de mai et octobre prochain dans une célèbre maison de joaillerie, la perspective des Jeux olympiques l’inquiète. Surtout lorsqu’elle apprend que ce ne sont pas moins de 16 millions de touristes qui sont attendus. “Je n’avais jamais imaginé ça. Je pensais à quelques millions de personnes, mais pas autant. Ça va être l’enfer”, grince-t-elle avec un sourire qui transpire la nervosité.
- 16 millions de personnes sont attendus à Paris pour les Jeux olympiques 2024.
- En temps normal, la capitale compte 2.102.650 habitants.
- Chaque jour, ce sont 4 millions de personnes qui empruntent les 16 lignes du métro parisien.
Même son de cloche dans un des carrés du métro 8 en direction de Balard. Tessa, ingénieure biomédicale, a déjà prévu leur coup. “Je vais fuir le plus loin possible, aller vivre chez mes parents en banlieue, c’est la meilleure solution”, prévient Tessa, dont l’appartement va se retrouver sur les sites de location. Elle a dores et déjà indiqué à son employeur que, si travaille il y à, il se fera à distance. “Je vais faire du télétravail, je pense que toutes les boîtes comme la nôtre ont tout intérêt à accepter ça pour leurs salariés”,précise-t-elle avant de descendre à Bastille pour récupérer la ligne 1.
“Je n’avais jamais imaginé ça. Je pensais à quelques millions de personnes, mais pas autant. Ça va être l’enfer”, grince-t-elle avec un sourire qui transpire la nervosité
Les agents RATP en première ligne
C’est à cette station, derrière une vitre sale, qu’Aymeric *, agents RATP, trépigne d’impatience de terminer sa journée. En ce moment, elles sont longues. ”Sur la 8,rien ne fonctionne correctement. Les gens en deviennent vulgaires, parfois violents”, explique-t-il avec son chasuble logoté aux couleurs de la régie.
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En poste depuis 13 ans, il avait bon espoir que les Jeux olympiques riment avec métros. Mais les retards de livraison des lignes 15,16 et 17, prévues dans le cadre du plan “Grand Paris Express” ont mis à terre ses espérances. “En France, on n’arrive pas à respecter les délais d’un chantier. Avec trois lignes de plus, on aurait sûrement été moins assailli. Mais là, ça va être l’hécatombe”, pince Aymeric*.
Sur la 8,rien ne fonctionne correctement. Les gens en deviennent vulgaires, parfois violents”, explique-t-il
Il pronostique deux mois de “calvaire” qui l’amèneront sans doute “à changer de métier”.
Contacté, Jean Castex, l’ex-locataire de Matignon, désormais directeur de la RATP, n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien.
Retrouvez aussi une vidéo au coeur du métro parisien :