Pour rendre les nuits parisiennes plus sûres, les professionnels de la fête se forment

Pour chasser les violences sexuelles des lieux festifs, des chartes de bienveillance, recensées par la mairie de Paris en janvier dernier, fleurissent dans les clubs de la capitale.  Elles s’accompagnent de formations délivrées aux personnels.

Joshua Tsu / Unsplash

Alcool, musique, foule et drogues… La nuit, les violences sexistes et sexuelles ne prennent pas de repos, bien au contraire. 60 % des femmes ont déjà été victimes de violences sexuelles en milieu festif, selon l’association Consentis, contre 10 % des hommes. Pour lutter contre celles-ci, la mairie de Paris a mis en place une charte de bienveillance qui recense les trente-cinq lieux parisiens déjà formés par Consentis et Act Right, deux associations qui luttent contre ces violences. Trabendo, Supersonic, Badaboum ou encore les établissements Rosa Bonheur : de plus en plus de lieux affichent une charte Consentis dès l’entrée.

Instaurer la culture du consentement

Créé en 2018, suite à #MeToo, Consentis lutte pour instaurer une culture du consentement en milieu festif. Car, la nuit, “l’agression sexuelle est même confondue avec de la simple drague”, explique l’association sur son site. Des violences qu’on a d’autant plus remarquées depuis 2021, suite à la réouverture des lieux de fête, lorsqu’un autre mouvement a pris de l’ampleur, sous le nom #Balancetonbar, en Belgique, au Royaume-Uni, mais aussi en France.

Pour Safiatou Mendy, co-coordinatrice et fondatrice de Consentis, ce sont des “lieux dans lesquels on vient décharger ses émotions, et se comporter comme on ne le ferait pas ailleurs.”

Et après les confinements, ces endroits sont devenus la cible de violences sexistes et sexuelles. Les cas de soumission chimique au GHB se multipliaient partout où un simple verre d’eau pouvait être servi. 

C’est notamment le cas du Supersonic, club parisien de Bastille, qui a alors choisi de suivre la formation proposée par Consentis. Les inscrits au stage : “le personnel du “bureau” puis l’équipe bar, en contact direct avec la clientèle”, explique Cécilia, la chargée de communication.

Durant deux jours, ils ont participé à plusieurs ateliers : qualifications juridiques des violences sexuelles et du consentement, témoignages vidéos et audios “assez intenses émotionnellement”, réécriture de communiqué de presse, ou encore création d’une charte. Cette dernière, à destination de la clientèle et unique à l’établissement, insiste sur les comportements qui ne sont pas autorisés : harcèlement, homophobie, transphobie, agressions… 

Faire du bar une safe-zone

Kevin, barman au Supersonic, se réjouit de ces initiatives, même s’il pensait être déjà attentif : “Grâce à la formation, on peut être vigilant, à l’écoute et agir sur une base de connaissances communes avec les collègues”, explique-t-il. Mais les “agences de sécurité” n’ont pas été mises dans la boucle, regrette Cécilia, la chargé de communication du bar. Car, en cas d’agression, on pense d’abord à alerter les vigiles et non les serveurs.

En plus des affiches visibles sur les murs, Kévin et Cécilia remarquent que “la possibilité d’avoir un verre avec un couvercle, des fontaines à eau fermées et plus de femmes à la sécurité, ce sont des petites actions qui, cumulées, peuvent donner un sentiment de sécurité dans le club”. 

Côté bar, Kévin a désormais le sentiment que celui-ci est “une safe zone” et qu’on y vient plus facilement l’alerter en cas de problème. Des actions de prévention qui, si elles permettent d’alerter les équipes, n’empêchent cependant pas totalement les violences sexuelles. Présente aussi bien en club qu’en festival, l’association Consentis travaille actuellement à la co-création d’une formation à destination des agences de sécurité : “il n’y a pas de formation différente pour le vigile chez Monoprix et celui d’un club” explique Safiatou. Une réalité qui devrait permettre aux lieux de fête d’instaurer un climat de bienveillance parmi tous les acteurs de la nuit… du moment que le public respecte leur charte.

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