Publicité lumineuse nocturne : le message ne passe plus

Une opération nocturne anti-publicité a été menée à l’échelle nationale dans la nuit du 18 au 19 février. Le chargé de plaidoyer de Résistance anti-pub (RAP), Thomas Bourgenot, revient sur cette action à laquelle il a participé.

Des militants écologistes recouvrent un panneau publicitaire lumineux. Photo : Greenpeace

Des dizaines de militants de Greenpeace, Extinction Rebellion, ANV-COP21, Alternatiba, Résistance anti-pub, revendiquent avoir éteint ou recouvert dans la nuit du 18 au 19 février plus de 2400 dispositifs publicitaires lumineux dans 38 villes de France (Paris, Lyon, Nantes, Bayonne…). Cette action « Rallumons les étoiles » visait à dénoncer le gâchis énergétique et le coût écologique de ces installations qui restent allumées durant la nuit. 

En quoi a consisté l’opération #Rallumonslesétoiles du 18 février à laquelle vous et Résistance anti-pub avez participé à Paris ?

Thomas Bourgenot : L’action a été menée en réponse à la campagne de communication “Chaque geste compte” lancée par le gouvernement en octobre 2022 et aux phrases de Macron sur la « la fin de l’abondance » ou encore « la sobriété nécessaire ». Les annonceurs doivent aussi faire des gestes qui comptent en éteignant leurs panneaux publicitaires. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie ((Ademe), la consommation moyenne d’électricité d’un écran publicitaire numérique est de 2050 kWh par an, près de sept fois celle d’un congélateur. On en dénombrait 55 000 en 2019 contre 40 000 en 2017, soit 40 % de hausse en 2 ans !

L’opération « Rallumons les étoiles » a mobilisé à Paris une centaine de personnes réparties en 20 groupes pour quadriller 20 zones. De 20h à 22h, on a « attaqué » les publicités sur les abribus et sur les panneaux « sucettes ». On a essayé d’en éteindre le plus possible tout en remplaçant l’affiche par un message : « Laisser ce panneau allumé en pleine crise énergétique, c’est absurde ». Mais ça n’a pas toujours été possible car nos clés pour les déverrouiller ne sont pas toujours opérationnelles.

Que dit la loi sur les panneaux publicitaires extérieurs ?

Le volet « publicité » de la loi « Grenelle 2 » de 2010 oblige les villes à éteindre les panneaux extérieurs de 1 h à 6 h du matin sauf pour celles de plus de 800 000 habitants. Dans ce cas, c’est à la collectivité concernée de mettre en place cette limitation via son règlement local de publicité (RLP). Une restriction que la ville de Paris n’avait pas appliquée et qui lui permettait de laisser ses panneaux allumés toute la nuit.

De fait, la loi de 2010 n’est toujours pas effective et ce, malgré un décret paru en octobre 2022 venu harmoniser les règles d’extinction des publicités lumineuses qui s’appliquent désormais à toutes les collectivités, peu importe la taille de sa population. Je suis allé vérifier le lendemain de l’application de ce décret si Paris respectait la nouvelle réglementation en vigueur. Sans surprise, il y avait encore beaucoup de panneaux allumés.

L’action de Résistance anti-pub se limite t-elle aux questions environnementales ?

Non, notre association créée en 1992 qui compte environ 600 adhérents s’intéresse à tous les effets négatifs directs et indirects de la publicité sur l’environnement et l’être humain : création d’un Observatoire de la publicité sexiste, financement des médias par la publicité. En s’attaquant aux panneaux publicitaires on tente de lutter contre la diffusion de messages que personne n’avait demandés :  on peut poser un autocollant « Stop pub » sur notre boîte aux lettres, bloquer le démarchage téléphonique et les spams d’internet, éviter les journaux pleins d’annonces, zapper à la télé, arriver au cinéma après les spots, mais par contre, dans l’espace public on ne peut pas y échapper.

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